DE L'ARDENNE A LA MARNE -
(Août -
Le 63° quitte Limoges, sous le commandement du lieutenant-
Le 12° corps est bientôt engagé dans la grande bataille des frontières. Le régiment, plein d'ardeur, malgré la chaleur accablante, marche au nord-
Le combat de Blagny
(24 août)
Le 24, dans le région de Carignan, baptême du feu ; à 1 heure de l'après-
Le combat de La Besace
(28 août)
Le 12e corps livre bataille pour empêcher l'Allemand de franchir la Meuse. Dès 8 heures du matin, le régiment est appelé à renforcer la ligne. Etabli à la lisière du bois de Yoncq, près de La Besace, il repousse, durant 3 heures, des attaques acharnées. Les efforts, trois fois renouvelés de l'ennemi, se brisent sous le feu nourri de nos mitrailleuses et de nos fusils. Il ne peut déboucher sur les bois.
Mais le 2e bataillon (Gueytat) doit faire front à un ennemi plus nombreux encore et plus acharné. L'ennemi parvient à s'infiltrer par les cornes des bois, menaçant d'envelopper le régiment. Le bataillon lutte corps à corps et essuie des pertes élevées. Cette belle résistance permet au 63e de s'installer sur une ligne de repli marquée par les hauteurs boisées de Stonne. L'ennemi, fatigué et rendu prudent, laisse passer la nuit sans attaquer nos avant-
Dès le lendemain, la retraite reprend. Le 63e , toujours en arrière-
Dures journées de retraite. Nos hommes supportent vaillamment les fatigues écrasantes de la marche, la faim, la soif et toutes les misères de la guerre. Personne ne reste en route. On se " débrouille " à merveille et nul ne désespère du salut de la patrie. Que d'anecdotes pittoresques ou touchantes chaque vétéran du 63e n'a-
L'engagement de Souain
(3 septembre)
Le 2 septembre, le 63e est dans la région de Souain, en Champagne pouilleuse. Le lendemain, au petit jour, le 1er bataillon reçoit la mission de protéger la retraite d'autres éléments engagés plus au nord. Couchés dans les fossés de la route, nos hommes, pendant 4 heures, dirigent un feu précis sur l'ennemi, qui essaye vainement de déboucher des lisières à 800 mètres de là. Il se décroche sans être trop pressé. Le 1er bataillon continue à protéger le repli des unités qui ont rompu le combat.
L'engagement de Marson
(4 septembre)
Le lendemain, le 3e bataillon (Ymonnet) et une partie du 2e, après une longue marche vers le sud, de Suippes sur Marson, entrent en contact avec l'ennemi par surprise, pendant une grand'halte.
Un parti de cavalerie, des mitrailleuses attelées, une batterie de 77 à cheval, une compagnie cycliste ouvrent le feu sur les compagnies du 3e bataillon qui couvrent la grand'halte. Immédiatement, ces unités se déploient, à cheval sur la route de Marson à Saint-
Le lendemain, le régiment s'embarque à Vitry-
A la bataille de la Marne.-
(8-
Le 63e forme l'avant-
On entre dans Sompuis. On traverse la Marne. On marche droit au nord, sur les talons de l'ennemi qui laisse entre nos mains de nombreux prisonniers. Partout des traces de la déroute, partout des marques du passage des vandales, à Sainte-
(1) Se sont signalés particulièrement : le lieutenant Capon, le caporal Boucheron, le sergent major artificier Marais.
(2) Se sont distingués : le capitaine Gravelotte, les sergents Nésa et Bellebeau, le soldat Reminièras.
(3) Se sont distingués : les capitaines Faron et de Roffignac, les sous-
II.
-
L'ATTAQUE DU 21 DECEMBRE AU BOIS B
( Septembre 1914 -
Le 18 septembre, le régiment est mis à la disposition du général commandant la défense de Reims. Il regagne le camps de Chalons, et, de là, par une marche précipitée, il se rend dans la ville, que l'ennemi a abandonné pour s'établir sur les hauteurs formidables de Berru. Le 22 septembre, à son arrivée au Belvédère, sur la butte Pommery, un gros obus tue 22 hommes et en blesse 22 autres. Le régiment s'installe immédiatement en première ligne, le long de la voie ferrée, sur un front de 6 kilomètres, du quartier de cavalerie à Saint-
Dès le lendemain, le 63e régiment reçoit l'ordre de réaliser des progrès sur tout le front. Le 2e bataillon fait un bon de 200 mètres. Le 24, l'offensive générale de la IXe armée pour l'enlèvement du massif du Berru est annoncée. Vers 6 heures du soir, sous le feu de l'artillerie ennemie, les deux autres bataillons font, à leur tour, un bond de 400 mètres. Le 25, la partie sérieuse s'engage ; sur un glacis presque nu, balayé par l'artillerie et les mitrailleuses ennemies, le régiment gagne encore du terrain et dépasse les premières tranchées allemandes, perdant 150 hommes.
Le lendemain, à 3 heures, à la faveur d'un brouillard épais, une brigade de la garde prussienne, en lignes serrées, attaque par surprise, à la baïonnette, le 2e bataillon aux abords de la ferme de la Jouissance. Les sections de tête, débordées, sont rejetées pêle-
Quelques jours après, le régiment est relevé, et, malgré son excessive fatigue, repart précipitamment avec la 23e D.I. pour la région d'Aubérive (30 septembre). Dès le lendemain, il prend les tranchées à l'ouest de la ferme des Wacques. C'est la vie de secteur qui commence, pénible, monotone, toute d'endurance et d'obscur sacrifice. Les bataillons se relèvent tous les trois jours. On change assez fréquemment de secteur. De la ferme des Wacques, on va occuper, le 7 octobre, les tranchées en avant de la Suippe, devant Saint-
Relevé le 18 décembre, le régiment est désigné pour attaquer, en liaison avec le 78e, les positions allemandes devant Jonchery-
Le 21 décembre, à 9h30, après une heure de préparation par l'artillerie,, les compagnies d'assaut des 1er et 3e bataillons sortent de la tranchée avec un ensemble et un élan admirables. Mais les batteries adverses ont riposté tout de suite ; nos réglages ont été insuffisants ; il n'existe aucune brèche devant nous ; un feu terrible de mitrailleuses se déclenche sur les assaillants. Quelques groupes d'intrépides parviennent, au prix d'un effort surhumain, à sauter dans la tranchée ennemie. Ils s'y font tuer. Impossible de passer. Nos hommes se couchent jusqu'au soir devant les réseaux, tandis que les Allemands tirent sans répit. L'attaque est arrêtée. Le régiment a perdu 11 officiers et plus de 400 hommes (1).
Le régiment assure jusqu'au 23 mars1915 la garde de ce secteur agité qui est soumis, au mois de janvier, à de fréquents et violents bombardements. L'ennemi se maintient sur une stricte défensive. Les bataillons accomplissent des travaux considérables. Des sapes sont poussées jusqu'à 50 mètres de l'adversaire et des tranchées creusées aux abords immédiats des saillants A, B, C. Les périodes de février et de mars sont à peu près calmes.
(1) se sont particulièrement signalés : les capitaines Gravelotte, Capon, l'adjudant Hugonnaud, le caporal Boissard, le tambour Ferrand, les soldats Reminieras, Mention, Bugeat, Malvergne, Delpert, Morgnet.
III.
LE SECTEUR DES ATTAQUES : REGNIEVILLE-
LE BOIS DE MORTMARE -
( Avril -
Le régiment, relevé à la fin de mars, se rend en Lorraine, où il reçoit l'ordre d'attaquer, pour le 3 avril, dans le secteur de Regniéville, qui s'étend entre le bois Le Prêtre et le bois de Mortmare, au cœur de la Haye mamelonnée, humide et boisée. Ce secteur, jusqu'alors extrêmement calme, vient de se ranimer : une série d'efforts localisés sont tentés pour réduire la hernie de Saint-
Le 3 avril, à 7 heures du soir, la préparation d'artillerie achevée en 10 minutes, les trois compagnies de tête du 2e bataillon (Pénavayre) sautent dans la tranchée ennemie. La 7e ramasse 12 prisonniers. Une heure après, on enlève le second objectif. Même avance sur la droite, où le 3e bataillon (Bonnal) trouve les lignes évacuées.
On s'organise toute la nuit, mais le travail de raccordement avec l'arrière avance peu, la roche étant très dure et tout le terrain battu. Le 4, à la nuit tombante, la 10e et la 12e exécutent, avec le même élan que la veille, un nouveau bond sur la droite, entre Regniévillle et Fey-
L'attaque du 5, qui doit faire brèche dans le système entre Regniéville et le bois de Frière, et qui a été dévolue au 107e, est assignée, en dernière heure, au 63e, malgré la fatigue excessive de trois journées de travail et de combat sous la pluie. Après deux heures de préparation, les 6e, 7e et 5e compagnies, à 10 heures, sortent de la tranchée et viennent se jeter sous un feu violent de mitrailleuses, qui les déciment au départ, sur des réseaux intacts. Le 3e bataillon s'est élancé lui aussi. La 10e a trouvé une brèche, s'y est engouffrée, section par section, attaquent avec des effectifs supérieurs. Une partie de la 12e la rejoint. Les deux unités méritent, par leur héroïsme, d'être citées à l'ordre de l'armée :
10e compagnie du 63e R.I. -
1re section de la 12e compagnie. -
Arès une longue journée sous les bombes, le régiment est relevé, ayant perdu 15 officiers, parmi lesquels le commandant Ymonet, tué en montant le premier sur le glacis, et 500 hommes.
Après quelques jours de repos, le régiment constitué, est mis à disposition d'une division d'attaque du 31e corps d'armée, chargée d'opérer contre les positions ennemies au nord du village de Flirey. Le nouveau secteur est en mauvais état et très agité.
Le 5 mai, à 7 heures, le 1er bataillon attaque après une courte et excellente préparation d'artillerie. La 2e compagnie (lieutenant Mohr) enlève la première ligne de tranchées et anéantit ses défenseurs. Le lieutenant Célérier, avec la 3e compagnie, dépasse, dans son élan, les objectifs assignés et fait des prisonniers sur le terrain conquis. Trois fois dans la journée, les Allemands tentent d'enfoncer les barrages à la grenade ; ils sont repoussés et les positions restent entre nos mains. C'est un " succès caractérisé ",selon le mot du communiqué ; il nous a causé des pertes relativement peu élevées : 56 morts et 130 blessés (1).
Le régiment tient encore pendant six semaines, sans incidents notables, le secteur de Flirey, où la lutte s'est apaisée, puis il est transporté dans les environs d'Amiens, où il passe, avec la division, à la Xe armée.
(1) Se sont distingués : les lieutenants Gobard, Randoux et Kolb (Bernard), les adjudants Raffier et Tallet, le sergent Rippe, les soldats Goury, Moreau et Vigier (Pierre)
IV.
EN ARTOIS -
( Juillet 1915 -
Après un mois très agréable de repos à Rubempré, le 63e se rend, par camions automobiles, dans la région de l'ouest d'Arras. Le 1er août, il s'installe dans le secteur de Roclincourt, à cheval sur la route d'Arras à Lille. Il va l'occuper pendant huit mois. Il méritera le renom de régiment " tenace et résolu " qui lui sera reconnu officiellement à la fin de la guerre.
Les trois bataillons accolés tiennent un front de 1.200 mètres : la ligne avancée est distante de 20 à 200 mètres de l'ennemi ; on se touche presque par endroits. La ligne de soutien, à peine amorcée, est achevée par nous en huit jours. En avant, le chaos de craies et de boue retournée où est retranché l'ennemi va buter contre la crête de Thélus, qui barre la route du bassin de Lens. Le secteur est, par excellence, le secteur des mines. Une lutte sévère se poursuit entre sapeurs français et allemands. Huit fois en six semaines, les Allemands font sauter la mine et tentent de détruire notre première ligne. Le régiment a la chance de s'en tirer sans accidents graves. Il peut ainsi achever d'importants travaux, pousser en avant une vingtaine de sapes et les relier par une parallèle de départ.
C'est la préparation de la grande offensive. Un rôle important est réservé au 63e . Il attaquera en tête de la brigade, ses trois bataillons accolés, échelonnés en quatre vagues de six pelotons chacune. L'objectif premier est la tranchée du Paradis, dont la conquête permettra l'attaque ultérieure de la crête 132 et des bois de Farbus. L'attaque devra avoir " le caractère d'une ruée ". le travail de notre artillerie dure huit jours : il est formidable.
Le 25 septembre, à midi 25, toutes les vagues s'élancent dans un ordre parfait. A l'aile gauche (1er bataillon), les deux premières gagnent la ligne ennemie (tranchée des Punaises), devant laquelle tombe le commandant Bonnal. Elles repartent, enlèvent la deuxième (tranchée des Cafards), la dépassent et ne s'arrêtent que devant d'infranchissables réseaux demeurés invisibles. Les deux autres vagues nettoient les positions conquises et font des barrages. Mais, aussitôt, de tous les boyaux adjacents, les Allemands débouchent en masse et contre-
Au centre, même lutte ardente. Le bataillon de droite est tombé sur un réseau à peine entamé. Le commandant Baston est tué en tête de ses hommes. Quelques fractions franchissent néanmoins la première ligne et se battent jusqu'à épuisement. Deux fois dans l'après-
Dans cette très dure journée, le régiment a perdu 2 chefs de bataillon, 8 commandants de compagnie, 31 chefs de section, un millier d'hommes. Mais il a fait subir aux Allemands de grosses pertes. L'ennemi avait accumulé sur ce point, jugé sensible, la plus grande partie de ses forces engagées dans la région d'Arras, ce qui a permis de remporter, sur ce même front d'Artois, des succès marqués. La journée a été très glorieuse. Il faudrait un long chapitre pour conter les actes de bravoure accomplis le 25 septembre (1).
La période offensive achevée, le régiment répare les dégâts causés aux tranchées. On pioche ferme et les organisations défensives s'affrontent de nouveau. A la fin d'octobre, la guerre de mines se rallume. Chaque semaine, de part et d'autre, les premières lignes sont bouleversées par de puissants fourneaux de mines, et des combats sévères se livrent autour des entonnoirs. La journée du 14 novembre est mémorable entre toutes. Dans la " région des entonnoirs ", deux mines sautent et les Allemands attaquent. Superbes d'audace, les grenadiers des 5e, 6e et 7e compagnies, debout au barrage 67, repoussent trois assauts (2).
Un abominable temps " pourri " rend à nos hommes la vie extrêmement pénible, mais ramène en secteur un calme presque absolu en décembre et janvier : c'est la trêve de la boue. Il n'y a, de part et d'autre, à lutter que contre l'envahissement de la fange. Le 28 décembre, le régiment, appuyant sur la gauche, prend le secteur du Labyrinthe et le garde tout d'abord sans incident.
Vers la fin de janvier, le secteur de ranime : les Allemands cherchent à reprendre leurs anciennes positions. Le 25, trois compagnies des 2e et 3e bataillons appuient heureusement une contre-
Le 5 mars, le régiment abandonne le secteur de l'Artois, cédant la place aux Britanniques, qui relèvent le 12e corps ; après deux semaines de repos dans l'Oise, la division s'embarque pour Verdun
(1) Ont reçu, avec de très beaux motifs : la croix d'officier, le colonel Paulmier ; la légion d'honneur, le capitaine Grenet, les sous-
Ont reçu la médaille militaire : les adjudants Razal, Duchez, Chaufriasse, Benoist du Buis, les sergents Clotin et Jeannicot, le caporal Chalard, les soldats Brion et Ligonat.
Ont été cités à l'ordre de l'armée : les commandants Baston et Bonnal, les capitaines Barthélemy, Mohr, Paté, de Raimond, les lieutenantsMays, Ménieux, Thaury, Deschamps, Hugonnaud, Malet, Perrette, Martegoutte, les adjudants Charles, Barbui, Bruyas, Gayou, Gros, Guyonnet, Javaud, Picard, le caporal Moreau (Albérie), le clairon André, le téléphoniste Dereix, le caporal mitrailleur Nicard, les sergents Audonzechaud, Pasquet (Paul), les soldats Jeutet, Pontacq Authier (Elie).
La 2e section de la compagnie de mitrailleuses a été cité à l'ordre de l'armée pour les services qu'elle a rendus sous les ordres du sous-
Au tableau d'honneur du 63e, signalons deux noms consacrés par cette journée : celui du lieutenant Ménieux, fait officier de la Légion d'honneur 24 ans, mutilé au cours de la bataille, officier exceptionnel par son sang-
(2) Se sont particulièrement distingués : le sergent Rebeyrolle, les soldats Jammot et Nicolleau. Le commandant Dewattre (2e bataillon) est fait chevalier de la Légion d'honneur des heureuses contre-
(3) Se sont distinguées : les sections du lieutenant Reculot, du sous-
V.
(Avril -
Le 6 avril, le régiment s'installe dans le secteur de Bras, improvisé au cours de la bataille et à peine dégrossi. La ligne avancée, bien aménagée, court sur les pentes sud de la cote du Poivre, sur la rive droite de la Meuse ; elle est tenue par deux bataillons, qui ont chacun, une compagnie et la mitraille en soutien, dans les ouvrages rudimentaires. Pas de véritable boyau de communication.
Le 9 avril, une offensive générale ennemie, d'une violence extraordinaire, se déclenche sur un front de 25 kilomètres. Tandis que la bataille se développe sur la rive gauche, l'Allemand entame une prodigieuse préparation sur les lignes de la rive droite, le village de Bras et la cote de Froideterre, derrière laquelle est massée l'artillerie française. L'attaque, particulièrement violente à notre gauche, se répercute sur nous et les fantassins ennemis tentent de rejeter le 1er bataillon dans le ravin de Bras. Les sections des tranchées de tir sont à leurs postes sous un marmitage terrible. Les Allemands, arrêtés net, rebroussent chemin sous nos feux de mitrailleuses et de mousqueterie. Nous avons 18 tués et 42 blessés.
L'effort de l'ennemi, à la fin d'avril et dans la première quinzaine de mai, se porte principalement sur la rive gauche. Mais les bombardements continuent sur notre secteur. C'est la rare accalmie. Les travaux et le ravitaillement sont extrêmement pénibles. Les relèves sont mouvementées (chaque bataillon, à son tour, va passer quelques journées de repos dans Verdun, à la caserne Jeanne-
Dans la nuit du 25 au 26 mai, le 3e bataillon (Maury) est alerté et chargé de contre-
Au petit jour, la 10e compagnie, à gauche, s'empare par surprise d'une partie de la première ligne ennemie ; la 9e et la 11e, arrêtées net par les mitrailleuses, s'installent dans un fossé à 20 mètres de l'ennemi. Tout le bataillon, appuyé par la 1re compagnie de mitrailleuses, reste cramponné au terrain avec une ténacité merveilleuse. Quand il est relevé, au bout de quarante-
Le reste du régiment, revenu en ligne le 31 mai, continue à montrer de l'endurance et de la bravoure sous les bombardements. Le 23 juin, quelques heures avant de partir pour la région de Saint-
Les 26, 27 et 28 juin, la lutte continue, tout à fait pénible, sous les rafales incessantes de l'artillerie ennemie. A plusieurs reprises, de gros renforts allemands sont pris sous le feu de nos mitrailleuses. En fin de compte, l'ennemi subit des pertes très élevées et renonce à pousser son attaque. Les hommes s'organisent sur les positions conquises dans les trous d'obus et y tiennent magnifiquement pendant six jours et six nuits, bravant le marmitage, la faim, la soif et l'extrême fatigue. Ce beau fait d'arme, qui a coûté aux éléments engagés la perte de 11 officiers, 5 chefs de section et 271 hommes, a valu aux 1er et 2e bataillons les félicitations du général commandant le 12e corps d'armée.
Le 30 juin, le régiment est relevé, transporté dans la zone de reconstitution du corps d'armée et bientôt embarqué vers le Tardenois.
(1) Se sont fait particulièrement remarquer : les capitaines Petit-
VI.
LES SECTEURS TRANQUILLES DU SOISSONNAIS
(Juillet -
Du 8 au 21 juillet, le régiment occupe, avec un bataillon, une partie du secteur de Soissons. La ligne enveloppe le faubourg Saint-
Bientôt transporté au nord de Fismes, le régiment s'établit face au Chemin-
Pas d'attaques sérieuses. On jouit d'un calme relatif. Cependant, à certains jours, les deux adversaires cherchent à se faire du mal au moyen de l'artillerie de tranchée et tentent des coups de mains l'un sur l'autre. Le crapouillotage est parfois intense.
Le 3 août, vers 7 heures du soir, après l'explosion d'une mine dans le quartier est et des rafales nourries de torpilles, les Allemands tentent un coup de main sur la 9e compagnie. Arrêtés par nos tirs de barrage, ils recommencent deux heures après et réussissent à pénétrer dans nos tranchées. Après un violent corps à corps, l'ennemi est rejeté, laissant les cadavres sur le terrain et un prisonnier entre nos mains (1).
Suit une période de calme, avec bombardements modérés et inoffensifs, coupés par quelques accès de nervosité de l'ennemi. Les 15 et 21 août, l'ennemi semble procéder à des coups de main par de violentes préparations aussitôt contrebattues énergiquement par notre artillerie.
Le 21 septembre, la 23e division est relevée. Le régiment va passer un mois au camp de Poilly, près de Ville-
Le 30 novembre, le 63e est installé dans le secteur de Biaches.
(1) Les soldats Villemont et Merle ont fait l'admiration de tous par leur courage et leur sang-
VII.
UN HIVER DANS LA SOMME -
(Novembre 1916 -
Le secteur qui s'étend devant Péronne sur des croupes limoneuses, embrassant la moitié du village de Biaches, en terrain entièrement conquis sur l'ennemi, est encore organisé d'une manière fort incomplète.
Le régiment (avec trois périodes de repos d'une huitaine de jours) se met à l'œuvre et accomplit, en moins de deux mois, un labeur énorme. Il achève deux lignes continues de tranchées à peine amorcées. Il creuse une tranchée de soutien et cinq boyaux de communication.
Le travail accompli dans des conditions particulièrement difficiles, l'ennemi, vigilant et inquiet, nous domine et marmite toute parcelle de terrain remuée. Des patrouilles guettent constamment nos travailleurs (1). Les hommes piochent la nuit et souvent à 30 mètres de l'ennemi. Dans la nuit du 2 au 3 décembre, un tir rapide et violent s'abat sur deux sections de la 10e compagnie en train de creuser la tranchée de tir. On compte 5 tués et 32 bléssés.
Peu de journées se passent dans le calme en ce secteur d'usure. Les deux artilleries sont toujours plus ou moins actives ; les tirs de destruction ou d'interdiction très fréquents. Aussi les accidents sont-
Le mauvais temps n'amène point de trêve ici comme dans l'Artois. Le dégel et la pluie transforment le sol en une bouillie brune. Les corvées et les relèves sont excessivement pénibles.
Du 13 au 21 janvier, le régiment occupe le sous-
Le 21 janvier, les trois bataillons sont relevés. Quelques jours après, par une température sibérienne, la division est embarquée pour la Champagne, où elle rejoint la IVe armée.
Le 1er février, le régiment, dans ses cantonnements de Somme-
Deux bataillons tiennent, durant une quinzaine, le secteur de Prosne, en avant de la voie Romaine, en face du mont. Pendant toute la période, le secteur reste extraordinairement paisible. Rien à signaler.
(1) Le 8 décembre, l'adjudant Desbordes disperse une de ces patrouilles et fait un prisonnier.
VIII.
(Mars -
A la fin de février, le régiment est désigné pour former, avec le 100e et le 500e, la 134e division (général Baratier). Il quitte le 12e corps et se dirige vers l'est. Après une bonne semaine de repos aux environs de Montbéliard, il est emmené en Alsace. Il ne fait que passer dans le secteur d'Eglingen et s'installe pour un mois dans les forêts communales.
Le 20 mars, les Allemands, après un bombardement par mines, tentent un gros coups de main sur la droite de nos positions d'Eglingen, tenues par la 1re compagnie, et sur le régiment voisin, à l'endroit où elles longent le canal du Rhône et du Rhin. Le coup de main est repoussé. Nos hommes se mettent à chasser des groupes d'Allemands cherchant à rentrer chez eux par les écluses. Ils ramènent des prisonniers.
Le secteur des forêts communales comprend une position d'un vaste massif boisé s'abaissant vers la vallée de l'Ole.. qu'occupe l'ennemi, face à l'Illberg, qui barre la route d'Altkirch.
Les lignes ennemies sont à 600 et 800 mètres des nôtres. Le secteur est généralement tranquille. Des rafales intermittentes de mines et d'obus de 105, des réglages d'artillerie n'empêchent pas nos hommes de continuer l'organisation méthodique de la forêt.
Les Allemands tentent plusieurs fois des reconnaissances accompagnées d'attaques à la grenade. Ils sont chaque fois mis en fuite par nos fusiliers et nos grenadiers. De notre côté, l'on fait bonne garde et l'on patrouille toute la nuit.
Dès le 14 avril, notre artillerie se réveille. Le 34e corps d'armée simule, sur tout son front, une préparation pour retenir des troupes ennemies en Alsace et faciliter des opérations de Champagne et du Chemin-
Le 16 à 3 heures du matin, cinquante volontaires des 1re et 3e compagnies, sous l'ordre du lieutenant Reynier, pénètrent hardiment, par une nuit noire, dans les tranchées allemandes, engagent avec les occupants un combat à la grenade, capturent 3 hommes, malgré une énergique résistance, et détruisent à la cheddite un poste de commandement (1).
Le régiment, relevé le 18 avril, séjourne un grand mois près de l'ancienne frontière, à Montreux-
(1) Se sont distingués dans cet exploit : le sous-
IX.
(Juin -
Le 15 juin, la division, rattachée à la IVe armée (Gouraud), est transportée en Champagne, où elle va mener, sans quitter la région, la vie de tranchées presque continue pendant plus d'une année. Le régiment, du 15 juin au 22 septembre, monte la garde devant les monts, à l'extrémité orientale, à l'endroit où ils s'abaissent vers la petite plaine et coule la Suippe (le golfe).
Dans une première période, jusqu'au 4 juillet, nous tenons le sous-
Le 4 juillet, alternant avec le 300e, nous prenons, à gauche, le sous-
Le haut commandement conçoit bientôt un plan d'élargissement de nos positions sur deux points, au Mont-
Le 10 juillet, notre artillerie lourde commence ses tirs de destruction et est aussitôt contrebattue par l'ennemi. Dans la soirée du 14, à 7 h.45, le régiment de gauche attaque et s'empare des positions assignées sur le sommet et le flanc du Téton. La section du sous-
Le 27, le régiment revient du Golfe. Activité moyenne des artilleries, rafales accoutumées. Les Allemands tentent plusieurs fois, avec une rare habileté, d'enlever par surprise des petits postes. Une de leurs opérations réussit et nous coûte deux prisonniers. Le régiment monte, à son tour, sans préparation d'artillerie, deux coups de main, qui, malgré la bravoure des nôtres, sont éventés.
Le 21 août, le régiment prend la garde au mont Sans-
La période des coups de mains est ouverte : les 3, 4 et 5 septembre, les Allemands essaient d'enlever des petits postes et sont repoussés. Le 6, détachement d'élite de la division, avec le sous-
Le 22 septembre, le régiment abandonne les monts et va prendre, sur les bords de la Marne, un repos de trois semaines rempli d'exercices modérés, de distractions et de fêtes sportives.
(1) Se sont distingués : l'aspirant Arnaud, le sergent Pignoux, le caporal Sicard. Le sous-
X.
LE SECTEUR NORD DE REIMS -
(Octobre 1917 -
Le secteur nord de Reims s'étend en avant du village miné de la Neuvillette, dans la plaine traversée par le canal de l'Aisne à la Marne, et dominée légèrement par les Cavaliers-
A droite, le saillant de Neufchâtel, très rapproché de l'ennemi, est, de sa part, l'objet d'attaques incessantes. Le matin même de son installation, la 6e compagnie subit, à 5 heures, un gros tir d'encagement par mines et obus de 105. Ses feux, immédiatement déclenchés, empêchent les Allemands de sortir. Le lendemain 17, à la même heure, même tir. Mais les Allemands ne peuvent bouger. Le 25, à 5 heure, le bombardement recommence ; les sapeurs ennemis font éclater des charges allongées dans les réseaux. Encore une fois, les tirs de la 6e donnent avec un ensemble parfait, et les groupes allemands ne peuvent pas aborder nos lignes. La 6e est citée à l'ordre de la division (1).
Après douze jours de demi-
La période de Bétheny a sensiblement la même physionomie que la période de Courcy. Au saillant de Bétheny, le point de friction, les Allemands tentent, avec une rare persévérance, des coups de mains qui échouent.
C'est encore la 6e compagnie qui est à la peine et à l'honneur.
Le 14 novembre, vers 9 heures du soir, des groupes ennemis pénètrent dans notre réseau, se glissent jusqu'à un abris inoccupé et sont repoussés à coup de grenades. Quatre jours après, l'ennemi, après avoir fait une brèche dans le réseau, revient à la charge. Il est pareillement repoussé. Le 21, après de nombreux réglages par crapouillots, il attaque, vers 10 heures du soir, à la faveur d'un encagement par mines. Nos grenadiers, fusiliers et mitrailleurs les empêchent d'approcher. Le lendemain, vers 8 heures du soir, après l'explosion de trois charges allongées et un tir d'encagement très serré, les Allemands abordent nos tranchées. La lutte s'engage dans les boyaux à coups de grenades et de revolvers. Le chef du détachement est blessé. L'ennemi est rejeté, laissant du matériel. Un tir d'obus spéciaux, dirigé sur les positions allemandes, empêche nos patrouilleurs d'atteindre les fuyards. La 6e compagnie mérite d'être citée à l'ordre de l'armée (2).
Dans la matinée du 21, un taube, qui survolait le village de Bétheny, est abattu par nos mitrailleurs.
Le calme est rétabli en secteur pour une huitaine de jours. Au début de décembre, l'artillerie ennemie redevient plus active. Le 11 décembre, le régiment organise un coup de main sur le saillant du Sémaphore. Un détachement de la 9e compagnie, conduit par le lieutenant Delaval, les sous-
Le 14, le régiment, relevé, va passer une douzaine de jours dans les cantonnements de repos. Aux fêtes de Noël, à Saint-
Dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier 1918, le régiment reprend les tranchées au sous-
L'après-
(1) Sous les ordres énergiques du capitaine Salmon, du lieutenant Lisiak et du sergent Massias, a, en moins de dix jours, repoussé trois coups de main, dont l'un le matin même du jour où la compagnie venait d'entrer en secteur. Grâce au calme, au courage de tous et aux habiles dispositions du chef, l'ennemi n'a jamais pu atteindre notre tranchée de première ligne, malgré la puissance des moyens mis en œuvre.
(2) Précédemment citée à la D.I. pour la belle attitude qui a fait échouer trois coups de mains allemands, la 6e compagnie, sous le commandement calme et énergique du lieutenant Lisiack, a repoussé, deux jours de suite, en infligeant des pertes à l'ennemi et en lui capturant du matériel, deux attaques dont la seconde a été caractérisée par la violence de sa préparation, la force des effectifs engagés et l'importance des moyens employés. Signalons aussi les sergents Mounier et Pierron, les grenadiers Cardon et Moulin, déjà cités à l'armée
(3) sous les ordres du sous-
(4) Compagnie à l'image de son chef, le capitaine Reynier, audace, bravoure, amour du danger. Ne demande qu'à être chargée des missions dangereuses ; les a toujours remplis avec succès, notamment le 12 janvier 1918, où elle a enlevé douze prisonniers au cours d'un gros coups de mains délicat et d'exécution particulièrement difficile sur un poste avancé ennemi fortement occupé et dont la garnison avait été alertée. Ont été cités à l'ordre de l'armée : le sous-
XI.
(Février -
Le sous-
Le secteur est souvent orageux. Il est particulièrement exposé au gaz. Les Allemands s'acharnent sur Reims et ses abords, fouillent les batteries, essayent de détruire les issues des caves, tirent sur les concentrations de troupe ; bientôt, dans une rage de destruction, ils incendieront la ville, quartier par quartier.
.Dans la nuit du 1er mars, les Allemands bombardent la butte Pommery et les alentours par obus spéciaux. C'est le plus fort arrosage à l'ypérite que l'on ait connu. Il dure trois heures et recommence vers 3 heures de l'après-
Quelques jours après, notre artillerie lourde démolit des emplacements présumés de projecteurs à gaz. Les alertes sont fréquentes. Dans la nuit du 19 au 20 mars, des milliers d'obus à l'arsine s'abattent sur le secteur.
Le 29 mars, commence pour nos troupes en ligne une longue période d'alerte et d'agitation. A 9 heures du soir, bombardement des tranchées de Sedan et de Mézières et coup de main ennemi repoussé par la 7e compagnie.
Le même soir, arrive notre nouveau chef, le lieutenant-
Dans la nuit du 3 au 4 avril, le bombardement se déclenche à nouveau sur le front de la 7e compagnie. Malgré la puissance des moyens mis en œuvre, l'ennemi ne peut atteindre notre ligne de surveillance.
La 7e compagnie est citée à l'ordre du régiment (1).
Les allemands n'ayant pas réussi leur coup de main, tentent des enlèvements silencieux de petit poste. Deux fois en dix jours, une fois au début du mois suivant, ils se glissent jusqu'à la ligne des guetteurs, qui ouvrent le feu avec un parfait sang-
Les coups de mains recommencent à la fin d'avril, précédés de nombreux bombardements violents et prolongés par explosif et par obus spéciaux, principalement sur les tranchées défendues par la 3e compagnie. L'ennemi est chaque fois repoussé sans parvenir à faire un seul prisonnier. C'est pendant cette période agitée d'avril que l'incendie a fait rage dans la ville martyrisée.
Le mois de mai est assez calme. Rien à signaler qu'une hardie exploration tentée dans les lignes ennemies par un détachement de la 5e compagnie, que conduisent le lieutenant Taguet, le sous-
Dans la nuit du 26 au 27 mai, la grande attaque allemande se déclenche de Soissons jusqu'à Brimont inclus. La lutte est ardente à l'ouest de Reims. L'ennemi prend pied sur le mont Saint-
Le lendemain, Champigny étant pris, il se trouve en première ligne. Dans la matinée, très suffisamment soutenu par l'artillerie, il résiste à trois assauts menés par des troupes munies d'engins d'accompagnement et rompues aux méthodes d'infiltration. Le promontoire du mont Saint-
Cependant, le régiment accueille avec enthousiasme l'ordre de tenir Reims coûte que coûte. Le grand effort que l'ennemi a tenté contre la ville en attaquant à l'est et à l'ouest, a échoué. En première ligne, les compagnies, les sections rivalisent d'ardeur pour rendre la vie intenable à l'ennemi dans notre ancienne première ligne. Une période pittoresque de petits coups de main, de patrouilles mordantes et d'embuscades commence. C'est la " chasse aux Boches " organisée en plein jour.
En voici les principaux incidents :
1er juin.-
3 juin. -
5 juin. -
12 juin. -
le 18 juin, à 6 heures du soir, un feu d'enfer se déchaîne instantanément sur toute l'étendue de la ligne. L'ennemi frappe de Vrigny à Pompelle et veut enlever Reims. Il tente même de crever les voûtes des caves à champagne avec les obus de 305.
Mais nos barrages se déclenchent et jouent avec une précision terrible. A 6h50, le tir ennemi s'allonge. A 9 heures, les Allemands passent à l'attaque, en suivant les anciens boyaux, et sont reçus par les feux bien réglés des engins de tranchée, des mitrailleuses, des V.-
Les Allemands, qui ont lancé trois attaques sur le front de l'armée, ont subi un sanglant échec. La défense de Reims est en plein succès pour la 134e division et pour notre régiment.
Dans la période d'accalmie qui succède, rien de notable à signaler, qu'un coup de main exécuté par le détachement du sous-
Le 14 juillet, le régiment a la joie d'apprendre qu'il est cité à l'ordre du jour de la Ve armée :
Régiment tenace et résolu, en secteur depuis quatre mois et demi, sans trêve ni repos, aux lisières d'une ville continuellement bombardée et incendiée. Déployé depuis un mois sur un front très étendu, a mené, sous les ordres du lieutenant-
Le Général commandant de la Ve armée, signé Berthelot
Le lendemain se déclenche et échoue la grande attaque tendant à faire tomber le saillant de Reims. Rien à signaler dans notre secteur même. Le régiment continue à montrer son esprit offensif. Beaucoup de braves partent individuellement en chasse. Très nombreuses sont les reconnaissances et les patrouilles. On prend du terrain. A notre gauche, la section Robert (3e compagnie), requiert le noyau du C.B.R., le 3 août tandis que la 6e compagnie, mise à disposition du 100e, appuie vigoureusement au cimetière de La Neuvillette et à la tranchée de Chauny (6).
L'ennemi, nerveux et inquiet, redoutant une attaque, multiplie les tirs pendant tout le mois d'août. Il tente plusieurs fois d'enlever le C.B.R., soit à la grenade, soit au moyen d'un projector à gaz d'un effet terrifiant. Les tranchées à droite du C.B.R. sont défendues vaillamment par la 11e compagnie (18 août) (section du sous-
La 2e compagnie a été citée à l'ordre avec le motif suivant :
Compagnie d'élite. Sous les ordres de son chef, le capitaine Valteau, a, en maintes circonstances, donné les preuves de son endurance et de son entrain. Après avoir tenu pendant une longue période un secteur menacé, a repris successivement à l'ennemi, du 2 au 8 août 1918, une ligne de postes avancés fortement défendus, réalisant ainsi une avance sérieuse de nos premières lignes et facilitant les opérations d'un régiment voisin.
La 11e compagnie a été citée à l'ordre de la brigade avec le motif suivant :
Belle compagnie, pleine d'entrain, animée du meilleur esprit militaire. A donné de nombreuses preuves d'une ténacité et d'un allant remarquables. Le 17 août, par une contre-
(1) Sous l'énergique commandement du lieutenant Liard, a dans les nuits du 30 au 31 mars et du 3 au 4 avril, repoussé deux coups de main. Grâce à la courageuse attitude de tous et aux judicieuses dispositions du chef, l'ennemi, laissant des morts entre nos mains, n'a jamais pu atteindre notre ligne de surveillance malgré la puissance des moyens mis en œuvre.
(2) Les soldats Mabroussy et David, Robitaillie, Vassut et Landry (qui reçoit la médaille militaire) se distinguent particulièrement dans ce corps à corps.
(3) Se sont particulièrement distingués : les capitaines Degremont, Dutournier, tué durant une contre-
(4) Sous le commandement du sous-
(5) La section malheureuse a été citée à l'ordre du régiment.
(6) unité qui, en toutes circonstances, a manifesté les plus belle qualités d'endurance et d'esprit offensif. Déjà citée à l'ordre de la division en novembre 1917 et de l'armée en janvier 1918. Appelée dans un secteur difficile, vient, sous le commandement du lieutenant Debregeas, de faire l'admiration de tous par son entrain et son mordant ; chargée du ravitaillement en munitions, a coopéré, spontanément et sans ordres, à la prise d'une position ennemie fortement organisée, et, malgré la violence du bombardement des contre-
XII.
A LA POURSUITE DE L'ENNEMI -
(Octobre 1918)
Le régiment, relevé définitivement de Reims, le 25 août, va cantonner pendant deux semaines à Cramant, au sud d'Epernay. Dès le 9 septembre, il entame une série de marche d'apparence compliquée et capricieuse au sud de la Marne. La division, en réserve d'armée, est prête à se porter au nord, suivant les fluctuations de la grande bataille engagée contre les Allemands, qui se replient peu à peu vers leurs positions de l'Aisne. Le 26 septembre, le régiment passe la Marne. Le 1er octobre, avant le jour, il part enfin pour la zone de combat, franchit la Vesle à Courlandon, s'arrête en attendant que les Allemands soient délogés de la première série des hauteurs au nord de la rivière. La 134e division étant division d'exploitation, la marche reprend quand l'obstacle est franchi.
Le lendemain, 2 octobre, à 6 heures, le 1er bataillon, ses trois compagnies en profondeur, attaque les arrière-
On attend les ordres au camps de Pouilly, puis à Merfy, puis au camp Marchand, aux abords de la route de Souain à Tahure, où l'on a été transporté le 7 octobre, après le dégagement de Reims. Le 14, dans la nuit, la division prend possession du secteur de Vouziers. Les Allemands, qui ont évacué la ville et la rive gauche, occupent des positions très fortes sur les collines boisées dominant la rive droite. Le 2e bataillon s'installe entre la ferme de La Folie et la ferme Bagot, en bordure des prairies longeant l'Aisne, le reste du régiment un peu en arrière. Pendant les trois journées qui suivent, l'ennemi harcèle tout le pays. Le 3e bataillon s'installe à son tour en première ligne, à la gauche du second, , entre Vouziers et la ferme de La Folie. On se prépare à attaquer les hauteurs, à percer la barrière de l'Argonne. Des passerelles sont posées par le génie dans une boucle de l'Aisne, en face de la ferme de La Pardonne, à l'insu de l'ennemi.
Le 18 octobre, à 5 h.15, sous un épais brouillard, la 5e et la 6e compagnie franchissent l'Aisne et les réseaux, s'emparent vivement d'une première ligne de tranchée, puis de La Pardonne, nid de mitrailleuses, avec 46 prisonniers. A 6 heures, le 3e bataillon (capitaine Marcireau), passe à son tour pour continuer le mouvement. Mais il a été fortement éprouvé la nuit précédente par un tir d'ypérite. Au moment où commence la marche vers le deuxième objectif, l'ennemi ouvre un feu d'une violence inouïe qui ramène sur La Pardonne les fractions avancées. Dans l'après-
Le lendemain, le 1er bataillon (capitaine Mangenot) reçoit pour mission de reconstituer la tête de pont, puis de reprendre contact par patrouilles. Il force l'ennemi à céder le terrain de La Pardonne.
Le 21, on se dispose à reprendre la progression, quand, après un violent bombardement, l'ennemi attaque, indifférent aux pertes. Notre ligne fléchit, et la 2e compagnie est acculée aux oseraies de l'Aisne. Une contre-
Pendant les quatre jours qui suivent, l'ennemi ne tente aucun effort pour reprendre la tête de pont. Le bataillon veille et patrouille. Pendant ce temps, Vouziers, où réside le colonel, avec la C.H.R., est constamment bombardé par explosifs et obus à gaz. Le régiment, fortement diminué, surtout par les gaz, est relevé dans la nuit du 27 au 28 octobre et va s'installer, avec la division, dans les baraquements épars dans les bois au nord de la Suippe, près de Pontfaverger.
Au cours des dures journées de Vouziers, plus de 800 hommes ont été mis hors de combat, les deux tiers par les gaz (2).
C'est dans les bois de Pontfaverger que le régiment apprit, avec une joie et fierté indicibles, la glorieuse nouvelle de l'armistice consacrant la victoire de la France.
Quelques jours après, le général Gouraud, commandant la IVe armée, citait à l'ordre de l'armée le 63e pour les affaires d'octobre 1918. en conséquence, le droit au port de la fourragère aux couleurs du ruban de la croix de guerre était conféré à notre régiment.
Voici le texte de notre deuxième citation :
Extrait de l'Ordre général de la IVe armée, n°1459
Le général commandant la IVe armée cite à l'ordre de l'armée : Le 63e régiment d'infanterie. -
Signé : Gouraud
Le lendemain, fût porté à la connaissance des hommes un message adressé par le général Petit, commandant la 134e division.
Ces belles paroles serviront d'épilogue à ce bref exposé des faits d'armes de notre régiment : Officiers, Sous-
Jamais récompense ne fut mieux accordée à la froide volonté, à la ténacité indomptable, au stoïcisme d'une troupe superbe d'attitude militaire et animée du souffle patriotique des grands soldats de la première République.
Elle est, au jour même de la victoire de la liberté, le couronnement éclatant de votre admirable dévouement dans toute la guerre.
Sachez bien tous que vos sacrifices à Reims et à Vouziers ont une portée que l'Histoire impartiale vous attribuera glorieusement. Vous avez été les premiers artisans des grandes victoires de Champagne et de la Meuse.
Lorsque vous reviendrez dans votre Limousin, que vous aurez repris le labeur fécond de la forte race qui vit au cœur même de notre France bien-
Régiment du Limousin, je salue respectueusement votre glorieux drapeau et je résume ma pensée, mon affection et mon estime profonde dans ce cri jailli de mon cœur : " je suis fier de vous avoir commandés au feu. "
(1) La 1 resection (sergent Jourdy) de la 1re compagnie a été citée à l'ordre du régiment. On a eu à déplorer quelques accidents par heurs d'obus non éclatés.
(2) A la suite des affaires de Vouziers, ont été cités à l'ordre de l'armée : le commandant Degremont, blessé et ypérite ; le capitaine Brandin, tué ; les lieutenants Lajouanie, Gayou, Dbregeas ; les sous-
La médaille militaire a été conférée au soldat Bourgeois (5e compagnie).
Ont été faits chevaliers de la Légion d'honneur : Le capitaine Valteau et le lieutenant Hubert. Ont été citées à l'ordre du régiment les compagnies suivantes qui s'étaient distinguées à Vouziers et ne possédaient aucune décoration à leur fanion : 3e compagnie de mitrailleuses, 3e compagnie, 2e compagnie de mitrailleuses, 5e compagnie, 9e compagnie.
CHEF DE CORPS AYANT COMMANDE LE 63e REGIMENT D'INFANTERIE PENDANT LA CAMPAGNE
Colonel Paulmier, du 2 août 1914 au 27 mai 1917. Passé au commandement d'une brigade.
Lieutenant-
Colonel Naugés, du 27 mars 1918 au 9 décembre 1918. Venu de l'état major de la 1re armée. Passé sous-
Colonel Hanquelle, du 10 décembre 1918. Venu du 206e R.I.
Historique régimentaire 1914 -
HISTORIQUE du 63° Régiment d'Infanterie
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