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Les soins

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Parcimonieux, voir quasi- inexistants (car à l'époque personne n'aurait pensé avoir à faire face à une hécatombe de cette ampleur ) dans les premières semaines de la guerre, ils seront par la suite donnés avec une qualité plus ou moins bonne en fonction des capacités d'accueil des ambulances (postes de secours).

Hôpitaux de campagne et infirmeries, une infra structure médicale qui sera souvent, malgré le dévouement indéniable des docteurs, hommes et femmes du service de santé incapable de faire face à l'affluence des trop nombreux blessés.


Beaucoup de soldats auraient pu être sauvés s'ils avaient reçu en temps voulu les soins appropriés. Hélas cela sera loin d'être le cas et il s'écoulait souvent une longue période  entre le moment où le soldat était blessé ( il fallait déjà le récupérer sur le champ de bataille ce qui n'était pas toujours évident ) et celui ou il recevait les premiers soins avant d'être acheminé vers les hôpitaux de l'arrière. Si la blessure n'était pas trop grave, s'il n'avait pas perdu tout son sang, si la gangrène n'avait pas eu le temps de s'installer, si le poste de secours n'était pas trop loin et s'il n'était pas engorgé, alors, il avait une chance de s'en sortir. Cela faisait beaucoup de " si " pour un corps déchiré, un organisme épuisé et un moral en détresse !


Poste d'ambulance

Chargement d'un blessé

Ecussons

Ambulance 1914

Témoignage d'un infirmier de la grande guerre Lucien Pitolet

Lucien Pitolet 1881- 1926


Nous avons choisi quelques passages de son livre intitulé : Sept mois de guerre dans une ambulance limousine - août 1914 - février 1915 - où il retrace avec force et talent l'expérience qu'il a vécue au front comme infirmier. C'est le récit de l'effroyable condition des éclopés du champ de bataille que Lucien Pitolet nous fait découvrir, récit hallucinant d'une ambulance de campagne quand elle se trouve engloutie par le sang, le chloroforme, les pleurs, la détresse et la mort.


- En moins d'une heure, les rangées de blessés s'étaient accrues à l'infini. Gisant sur une couche tenue de paille recueillie dans les champs proches, ils poussaient des cris discordants, qui se prolongeaient en râles, dont nous avions l'âme déchirée. Cette plainte d'hommes atteints dans les parties vives de leur chair dominait tous autres bruits, sauf le mugissement sourd du canon.


Lucien Pitolet- Sept mois de guerre dans une ambulance limousine- édition Mercure Universel - Paris/Lille - 1933- page 157 -


Ne disposant que d'un espace suffisant, nous étendions les blessés hors des abris de toile, à l'ombre des murs de la gare, sous un bosquet d'arbres et, quand tout fut rempli, dans la plaine nue. Ils devaient, à 10 heures du matin, être ainsi plus de cinq cents. A la tombée du jour, nous en avions pansé plus de treize cents. Que dirai-je des affres de cette immense théorie de concitoyens geignant, hurlant, en proie aux atroces douleurs d'une soif qu'exaspérait l'exposition, des heures durant, aux rayons d'un ardent soleil et que la fièvre secouait de frisons répétés ? , Décrire pour décrire n'est pas mon fait, L'humaine misère d'un tel campement, résiste d'ailleurs, à toute description.


Lucien Pitolet- Sept mois de guerre dans une ambulance limousine- édition Mercure Universel - Paris/Lille - 1933- page 162 -


A l'aide de planches grossières, découvertes sous le hangar de la station, parmi d'hétéroclites débris, nous avions édifié une sorte de plateau baptisé pompeusement : table d'opération. A l'abri d'un massif d'arbres, c'est là que travaillait le docteur Mousnier.- Mais comme nous ne pouvions, avec le matériel dont nous disposions, procéder à de vraies opérations, l'on se contentait de déposer le blessé grave sur cette rudimentaire table où il était soumis à un rapide examen, Le docteur Mousnier, de sa parole cordiale, encourageante, s'efforçait de tranquilliser le pauvre diable, cependant qu'il immunisait sommairement la plaie à l'aide d'iode et de gaze, sous la poussière tourbillonnante des champs embrasés, des routes trépidantes. A un autre, maintenant ! et la monotone succession des corps meurtris se poursuivit sans relâche durant ces trente-six heures de fonctionnement ininterrompues.


Lucien Pitolet- Sept mois de guerre dans une ambulance Limousine- édition Mercure Universel - Paris/Lille - 1933 -



Train sanitaire

Ils y en eut qui, parfaitement conscients de leur état désespéré, se rendant compte que tout était fini pour eux, demeuraient serein et dictaient un bref et sommaire testament, en pleine maîtrise d'eux-mêmes. Pendant qu'ils parlaient d'une voix éteinte, les touchant, les agrippant en des gestes de spasme affolé, d'autres mourants, en proie à une frénésie forcenée, livraient un dernier combat contre un irréel ennemi, bavant, proférant d'incompréhensibles menaces. Et, couvrant la discordante plainte de tous ces misérables condamnés, exaspérant encore l'atmosphère de démence de cet effroyable cabanon, le mugissement de la complexe machine guerrière, qui continuait à malaxer les chaires et à broyer les os.


Lucien Pitolet- Sept mois de guerre dans une ambulance Limousine- édition Mercure Universel - Paris/Lille- 1933 - page 167 -


A six heures nous avions entassé près de 1.500 infortunes dans deux trains et il n'en était guère plus de sept que déjà de nouvelles victimes en masse compacte, qui ne cesserait de s'accroître jusqu'à l'heure de notre fuite ce même jour, à six heures du soir. Français et allemands étaient mélangés et semblablement haves, hagards, poussiéreux, exténués.


Il en arrivait de tous les coins de la plaine, isolés ou en groupes, défaillants la plupart, plusieurs des nôtres tellement déchiquetés par la mitraille, qu'ils mouraient à leur arrivée.


Lucien Pitolet- Sept mois de guerre dans une ambulance Limousine- édition Mercure Universel - Paris/Lille- 1933 - page 182 / 183 -


On avait naïvement admis un pourcentage de 80% au moins de blessures par balles de fusils. Or il arrivait que les plaies par obus s'élèvent à 75% du chiffre total des traumatismes.


Dès lors, que devenait la théorie des quelques attouchements à la teinture d'iode avant l'évacuation sur l'intérieur ? Ce n'étaient que tissus déchirés par les shrapnels, dont les éclats déchiquetés entraînaient sur les os et les chaires en bouillie des boues souillées, des poussières microbiennes, des lambeaux d'uniformes contaminés.


Quand, après trois ou quatre jours de pestilentiel convoyage dans les cages infectes de wagons à bestiaux, l'on débridait enfin - dans le tranquille hôpital temporaire de province, cette sanie cadavérique dont se dégageait la si caractéristique puanteur des gangrènes, alors on s'apercevait, parmi des gloussements d'effroi réticent, que le front était une bien vilaine affaire.


Lucien Pitolet- Sept mois de guerre dans une ambulance Limousine- édition Mercure Universel - Paris/Lille- 1933 - page 190


- Un blessé atteint d'un éclat d'obus au genou était, en 1914 à peu près condamné à mourir de la gangrène dans le centre hospitalier où il avait été évacué ; était en 1915, à peu près condamné à avoir la cuisse coupée dans une ambulance de l'avant ; était en 1916, à peu près condamné à avoir son articulation réséquée pour guérir - peut être - en ankylose, avec une jambe raide à jamais ; était enfin en 1918 à peu près assuré de conserver jambe et cuisse, avec intégrité presque absolue de la flexion de celle-ci sur celle-là.


Lucien Pitolet- Sept mois de guerre dans une ambulance Limousine- édition Mercure Universel - Paris/Lille- 1933 - page192


Ambulance automobile 1918

Et pendant ce temps là, à l'arrière comment cela se passait-il ?



Vous trouverez ci-dessous un résumé de la contribution apportée à l'assistance médicale par le département de la Haute-Vienne.


Extrait du rapport daté du 19 août 1918, présenté au Conseil Général par le préfet la Haute-Vienne Paul Truc.

Le concours médical.

L'assistance Médicale a été largement donnée dans le département sous la direction du service de santé de la 12e région, par de nombreux hôpitaux où les concours personnels les plus attentifs et continus ont été gracieusement assurés par l'élite féminine de la population.


Je ne peux songer à détailler ici la collaboration précieuse qu'elle a apportée aux praticiens chargés des soins à donner à nos blessés ; Sa discrétion ne le permettrait pas, mais le conseil général, comme moi, lui adressera l'expression anonyme de la profonde reconnaissance de nos soldats malades ou mutilés envers qui elle s'est si généreusement dévouée.


Depuis le début de la campagne, le département a compté :

  • 1) Hôpitaux complémentaires. 15
  • 2) Hôpitaux auxiliaires. 2 a) Société française de secours aux blessés militaires : 1
  • b) Union des femmes de France : 1
  • 3) Hôpitaux bénévoles. 40
  • 4) Œuvre d'assistance aux blessés convalescents. 4
  • 5) Hôpitaux américains. 4
  • Total général : 65


Je crois devoir mentionner particulièrement l'initiative prise à l'hôpital de l'évêché ou à été installé, sous le patronage distingué et très actif de Mme Dejan, un atelier de fabrication de jouets, par les blessés et mutilés. Ces jouets très originaux ont obtenu dans le commerce le plus vif succès et ils ont permis à la fois de rééduquer bien des hommes et de leur constituer un pécule appréciable.


Enfin, je signale en terminant que les hôpitaux ont reçu environ 18.000 francs en argent, de dons divers, sans parler d'envois de tabac, chocolat, menus objets de toilette, etc…


Source : La Haute-Vienne pendant la guerre. Rapport présenté au Conseil général par M. le préfet TRUC Paul Pages 12 et 13. Imprimerie ouvrière - Limoges 1918.


Limoges - Hopital de Beaupeyrat-1914

À partir du 27 août 1914, une partie des locaux est réquisitionnée pour les blessés de guerre (65lits).

Hôpital de Limoges 1914

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