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Le 63 e régiment confronté à la guerre des gaz – 1916/1918


La guerre chimique a fait son entrée sur le front de l'ouest en 1915 mais ce n'est que le 7 mai 1916 que le régiment a subit sa première attaque. Heureusement celle-ci étant de faible intensité, ne fera aucune victime parmi les soldats du 63 e (voir la page: Verdun)


Imaginons l'angoisse de ces hommes, quant au son d'une voix puisante, un mot laissant traîner sa dernière consonne comme le sang d'une bête blessée, se répercutait d'une tranchée à l'autre ; « Gaazzzzz ! », « Gaazzzzz ! » 


les Gaz, ce mot terrible qui résume à lui seul, toute l'horreur des combats de la grande guerre. Ce mot qui laissera derrière lui des cohortes d'hommes aux yeux brûlés aux poumons ravagés et souffrant de séquelles neurophysiologiques durant le restant de leur vie.


Oui, Imaginons un instant les poilus (*) aux aguets au fond de leur tranchée


ils ont le facial métamorphosé en batraciens ; masque de toile à l'enveloppe proéminente, filtre en forme de groin et verres cerclés au diamètre caricatural. Immobiles et muets, transpirant à grosses gouttes, ils aperçoivent la vague de brouillard jaune verdâtre qui s'apprête à les submerger; Un filtre défectueux, une étanchéité approximative, un accroc dans le tissu imperméable et c'est, au mieux, des yeux et des poumons brulés; au pire, la mort dans des souffrances indescriptibles.


Cloche servant à l'alarme en cas attaques aux gaz

Une vague de gaz stagne aux abords des tranchées.


(*) J'ai employé le terme de « poilus » mais en 1916 ce n'est plus à proprement parler, l'époque du poilu de l'imagerie populaire - modèle 1914 / 1915 -« La gueule pleine de poils » .1916 est devenu l'époque du « moustachu » désormais le soldat en uniforme bleu horizon, se rase les joues et le menton pour une raison de survie. La barbe drue, nuit à la bonne étanchéité des masques.

Poilus artilleurs protégés par leur masque.

 Le 18 juin 1918 à Reims (voir la page: Reims), toute une section de 11 e compagnie sera touchée par l'ypérite. - «Nous voyonsarriver au poste de secours une file d'aveugles silencieux ou gémissants, se tenant par l'épaule ou par le pan de la veste »


• Nouillac - Le six-trois au feu - édition Charles-Lavauzelle 1919 p..236.


Les techniques de propagation et la variété des gaz employés s'étant amélioré au cours de l'année 1917, la perte en homme au sein du 63 e due aux gaz, sera en progression constante et culminera dans les combats de Vouziers en octobre 1918.


C'est là (voir la page: Vouziers) que le pauvre régiment subira presque quotidiennement les ravages des obus à croix jaune (on marquait les obus spéciaux (toxiques) d'une croix jaune sur le culot pour les différencier des obus normaux) 461 hommes et 14 officiers seront intoxiqués par l'ypérite et évacués vers l'arrière.


Les postes de secours ne désempliront pas, pendant la durée des combats mais les soins sont des plus rudimentaires, on soigne des hommes parfois gravement atteints au lait condensé et aux solutions de bicarbonate…

Poilus équipés du masque réglementaire.

« A la fin on baignait littéralement dans les gaz. Téléphonistes, secrétaires, pionniers, sapeurs, infirmiers tombaient malades l'un après l'autre. On évacuait les plus intoxiqués. Les autres tenaient bon, mais étaient bien affaiblis »


J. Nouillac - Le six-trois au feu - édition Charles-Lavauzelle 1919 p..266.



Fiche technique: la particularité de l'ypérite.


Ne jamais perde de vue que le danger subsiste tant que l'odeur est perceptible, si faible soit-elle. Cette odeur est d'ailleurs souvent masquée par celle d'autres produits lancés au cours du même tir.


L'atmosphère est d'autant plus nocive que la température est plus élevée : on doit donc redoubler de précautions au lever du soleil qui suit un bombardement de nuit et, en général, aux heures chaudes de la journée.


La contamination du corps par le liquide est immédiate, mais n'est pas douloureuse au moment même ; les effets sont retardés et ne peuvent se révéler qu'après un temps assez long (12, 24 et même 48 heures) L'infection latente peut être reportée par contact, généralement par les mains, sur les diverses parties du corps.


Les voies respiratoires, les yeux, les parties sexuelles, l'anus, sont très sensibles à l'ypérite.


Source: Note sur la protection contre les gaz asphyxiants – Etat major du 1 er bureau 1917 – Imprimerie nationale Paris.


Une fabrique de masques à gaz –

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